La lutte contre la corruption et l’instauration de la Bonne Gouvernance, face à un Régime Militaire : Menace, risque ou opportunité ?

L’absence ou la réduction du contrôle citoyen dans les régimes militaires, installe-t-elle une relation de dichotomie entre ces derniers et la lutte contre la corruption et l’instauration de la bonne gouvernance ?

Si part le passé, on peut citer quelques exceptions (comme le régime de Kountché, Sankara, Rawlings), il est assez aisé de montrer beaucoup d’autres exemples qui sont aux antipodes de la bonne gouvernance, et qui ne font que déplacer l’épicentre de la corruption, sans la combattre réellement.

La lutte contre la corruption et l’instauration de la bonne gouvernance ne sont ni un luxe pour un pays comme le Niger, ni un rêve inaccessible porté par quelques individus. Elle doit être l’effort de chaque instant, porté par chaque citoyen.

Alors, son message ne doit ni être dénaturé, ni bafoué, ni étouffé.

C’est ainsi qu’auparavant, les Nigérois étaient capables d’identifier les cas de corruption et de nommer les responsables. Cependant, avec l’avènement de la transition militaire, les auteurs de corruption sont désormais traités dans l’ombre et la discrétion. Non seulement ils paient le prix de leurs forfaitures, selon la COLDEFF, mais ils réintègrent la société comme si de rien n’était. Ni vus, ni connus. Ce qui enlève toute possibilité d’éducation citoyenne à travers une telle démarche, qui risque de ne pas être efficace. Les mêmes personnes pourraient continuer à faire ce qu’ils savent faire de mieux : se servir (encore et encore) dans les caisses de l’Etat, dès qu’ils en auront l’occasion. Et ils le feront….

Il est important de noter que la transparence et la responsabilité qui caractérisent toute gouvernance responsable sont essentielles pour maintenir un environnement sain et éthique au sein de la société.

Alors la question qu’on peut se poser est la suivante : Que peut faire (ou va faire) le régime militaire (de manière plus concrète et efficace) sur ce chemin de la lutte contre la corruption et l’instauration de la bonne gouvernance ?

D’ailleurs, la lutte contre la corruption, le népotisme, le favoritisme et l’impunité sont parmi les principales raisons de l’avènement du 26 juillet 2023, juste après l’insécurité.

Pourtant, dix mois plus tard, nous constatons :

  1. La disparition de la cour des comptes, dont les anciens rapports ont permis à la COLDEFF de récupérer des milliards
  2. Le processus de passation des marchés publics à travers l’Ordonnance 2024-05 du 23 Février 2024 portant dérogation à la législation relative aux marchés publics, aux impôts, taxes et redevance et à la comptabilité publique. « un recul grave en matière de bonne gouvernance dans le secteur de la sécurité et ne donne pas de garantie quant au respect d’une gestion saine des finances publiques ».
  3. L’article 22 alinéa 2 de l’Ordonnance 2023-09 de la CoLDEFF, précitée, lorsque le traitement d’un dossier fait apparaître des faits susceptibles de recevoir une qualification pénale, la CoLDEFF peut encore continuer à gérer un dossier jusqu’à conclure une transaction laquelle éteint l’action publique. Mieux, le résultat est le même lorsque la transaction intervient alors qu’une information judiciaire est ouverte.
  4. Les inspections d’État inexistantes, avec quelques annonces d’audit sans effets tels que les audits du secteur pétrolier, de l’UA 2019,  etc….
  5. Violation de l’article 13 de l’Arrêté N°0018/PM/ARCOP du 18 Janvier 2023 lors des conclusions des conseils des ministres par la nonpublication du montant et le nom de l’attributaire provisoire.
  6. Et bien d’autres actions dont nous laissons chacun faire son bilan sur la question.

Il revient au CNSP de démontrer au peuple nigérois que la lutte contre la corruption et l’instauration de la bonne gouvernance sont (VRAIMENT) une préoccupation majeure et concrète de son régime. C’est ce qui va souffler sur les braises de l’espoir de 26 millions de personnes.

Niger Stop Corruption