Valorisation des compétences de la diaspora au profit du Niger (Valcodin)

Valcodin

La mobilité des talents est en marche !

Contexte

Pays sahélien et enclavé, le Niger fait partie des pays les plus pauvres de la planète. Plusieurs programmes sont mis en place par l’Etat pour répondre aux défis socioéconomiques des différentes couches de la société. On note, à titre d’exemple, la SRP (2002-2011) et le PDES (2012-2015) qui représentent les cadres de référence, en matière de développement économique et social.

Ces programmes ont permis de renforcer le dialogue, entre l’administration (centrale et déconcentrée), la société civile et les Partenaires au développement, sur les politiques et stratégies sectorielles qui seront menées.

Malgré ces efforts, la plupart des indicateurs socioéconomiques sont à un niveau bas. Ce qui s’explique le plus souvent par un manque de formation de qualité à suffisance, pour servir de locomotive aux différents secteurs socioéconomiques.

En effet, au Niger 62.6% de la population active est sans niveau d’instruction[1]. Ce qui explique un niveau de pauvreté de 58.1% de la couche des travailleurs (malgré leur travail et un taux de chômage des jeunes de 15.9%)[2].

En outre, le secteur informel contribue à 70% au PIB loin devant des pays comme le Burkina et le Sénégal (qui ont moins de 50%)2. Au-delà de la fuite de capitaux aux détriments de l’Etat (et donc du contribuable lui-même), cet état de fait explique la lenteur de la machine économique, à l’heure de la 5è révolution industrielle (le numérique).

On note également que 80 à 90% de l’emploi total est informel (contre une moyenne de 60% dans les pays ouest africains). Dans les grands centres urbains, seuls 18.6% de la catégorie socioprofessionnelle sont des travailleurs qualifés2.

Le défi est donc énorme. Mais quand on regarde les projections futures, on se rend compte que la situation ne s’arrangera pas si des solutions ne sont pas pensées et mises en œuvre aujourd’hui.

En effet, la population active nigérienne connaît une croissance de 4.4% par an (plus que l’évolution de la démographie de 3.3%). En 2050, la population active sera de 28 millions (contre 6.3 millions en 2005)2. Il devient donc urgent de créer un cadre pour que toute cette force puisse s’exprimer et se faire valoir à travers sa compétence et son savoir-faire au bénéfice du Niger (et de son propre bénéfice) : C’est la conviction d’ICON. C’est l’objectif de ValCoDiN.

A termes, ValCoDiN compte renforcer les capacités opérationnelles de 500 structures au Niger (entreprises, institutions, services de l’Etat,….), tout en créant un écosystème qui favorisera la création de 1000 entreprises créatrices d’emplois. Ainsi, le développement du capital humain et la création d’emplois seront des leviers au service du développement socioéconomique du Niger.

 La diaspora nigérienne est toujours sous-exploitée et reste à son stade de balbutiement

Dans un monde globalisé et transnational, la diversité et la créativité de l’esprit ainsi que l’apprentissage à travers une formation de qualité deviennent une richesse à l’état brut que plusieurs pays raffinent pour en tirer le maximum de profit. Cette diversité est aujourd’hui symbolisée par la diaspora.

En effet, la diaspora (au sens large du terme) contribue largement aux mutations socioéconomiques que le monde connait1. Elle crée des sociétés multiculturelles qui contribuent au développement socioéconomique des pays d’origine et d’accueil[3]. Elle est le grand témoin de ce qui se passe partout dans le monde. Elle est témoin des succès et des échecs des différentes orientations des politiques de développement à travers le monde. Elle est devenue un observateur aguerri de la situation du monde. A ce titre, elle devient un élément fondamental avec lequel il faut compter localement.

Dans certains pays (comme le Cap Vert), la Diaspora à travers le monde est plus importante que ceux qui sont restés sur le sol national. La Russie compte 11 millions d’étrangers. Au Qatar, et aux Emirats arabes unis, les non-ressortissants représentent plus de 80% de la population1.

Au Niger, la population émigrée représente 2.4% de la population totale[4], mais constitue une réelle opportunité de développement socioéconomique du pays.

Conscients de l’importance de cette « manne » que représente la diaspora, plusieurs pays ont mis en place des mécanismes et des leviers consulaires pour faciliter les démarches à leurs diasporas, afin que celles-ci puissent avoir la possibilité de participer au développement socioéconomique de leurs pays.

Si la guinée possède un plan d’action visant à créer un environnement favorable à la participation de la diaspora, la Namibie a, quant à elle, mis en place une équipe spéciale regroupant diverses administrations publiques pour évaluer les besoins du pays en matière de qualifications, afin de les combler par l’apport de sa diaspora 1. Le Yemen a, pour sa part, mis en place une chaîne satellite pour attirer sa diaspora 1.

L’Egypte et l’Inde (notamment) autorisent l’ouverture de comptes bancaires en monnaie étrangères exonérés d’impôts pour leurs diasporas 1.

Le Maroc a mis en place un mécanisme de fonds de contrepartie (MDM INVEST) au profit de projets d’investissement de sa diaspora. La France, l’Allemagne et les Etats Unis ont crée des plateformes et des concours sur des marchés mondiaux pour renforcer les capacités de leur diaspora à investir dans des PME et entreprises de leur pays d’origine1.

Au Niger, cette prise de conscience a commencé depuis la conférence nationale souveraine du 29 juillet 1991, qui formulait à son acte fondamental XXIII, la nécessité de faire participer les nigériens de l’extérieur au processus du développement économique et social du pays[5].

Ce qui a abouti à la mise en place en 2012 du haut conseil des nigériens de l’extérieur, rattaché au Ministère des Affaires étrangères et des nigériens de l’extérieur. Il faut également noter certains acquis démocratiques en faveur de la diaspora, comme le vote des nigériens de l’extérieur, des sièges (5) au parlement national,…

Des dispositifs comme TOKTEN ont aussi vu le jour il y’a quelques années, pour promouvoir le transfert de compétences et de connaissance au Niger.

Au-delà des symboles posés, force est de constater que la diaspora nigérienne est toujours sous-exploitée et reste à son stade de balbutiement. Elle pourrait participer de manière plus efficace et durable au développement socioéconomique du Niger. Même si elle a gardé un lien fort (familial en l’occurrence), la diaspora nigérienne agit en rang dispersé. Les aventures personnelles sont légion, et ne permettent pas de créer une dynamique au profit du Niger. D’où le projet ValCoDiN à travers l’initiative ICON.

Favoriser et cristalliser l’interaction des membres de la diaspora entre eux, puis avec la société nigérienne

Le projet ValCoDiN (Valorisation des compétences de la Diaspora au profit du Niger) se propose de créer un cadre de participation active et dynamique de la diaspora dans le processus du développement socioéconomique du Niger. Son objectif principal est de démontrer que les nigériens de la diaspora peuvent être des vecteurs de développement et de croissance pour les structures socioprofessionnelles du Niger (entreprises publiques et privées, institutions, centres universitaires…..), notamment à travers la mise à disposition des compétences et expertises acquises à l’international ainsi que le transfert de technologies et de connaissances. Pour ce faire, Valcodin se présente comme une passerelle entre les organismes demandeurs au Niger et les compétences disponibles à l’international, et au Niger éventuellement. Ainsi, un maillage à créer sera constitué des structures cibles qui sont les sources des besoins (techniques, stratégiques,…) et des compétences qui répondront à ces besoins.

En outre, à travers ValCoDiN, ICON va favoriser et cristalliser l’interaction des membres de la diaspora entre eux, puis avec la société nigérienne. Les principaux axes d’action seront : Compétences, Expertises, Investissements.

Le projet ValCoDiN a une durée de 5 ans. A termes, il favorisera la création de structures par la diaspora, dans tous les domaines socioéconomiques du Niger, car l’écosystème existera. Ce qui permet aussi de participer à la dynamique de création d’emplois, dont le Niger a énormément besoin dans les prochaines décennies.

ValCoDiN est donc le point de départ et un prélude à toutes ces entreprises qui seront créées par la suite (dans le cadre de l’initiative ICON), car il montrera les potentialités en matière de compétences dont le Niger regorge à travers le monde. Il permettra enfin de libérer l’esprit créatif nigérien (à travers ICON).

Un maillage de besoins face auquel ICON propose un maillage de compétences

L’objectif est de créer un maillage de besoins face auquel ICON propose un maillage de compétences. Les structures cibles qui composent ce maillage sont appelées les mailles. Les compétences sont appelées les nœuds. Ainsi, comme dans un maillage classique, on crée les conditions d’une structuration solide et pérenne.

A termes, le projet ValCoDiN ambitionne de créer un maillage de besoins au Niger constitué de 500 mailles qui seront constituées de manière progressive.

Résultats attendus

Pour cette première édition, ValCoDiN entend répondre au besoin d’au moins 20 mailles, dans tous les domaines socioprofessionnels des structures au Niger, avec l’intervention de 20 nœuds (au minimum).

Une enquête de satisfaction sera élaborée à la fin de la session. Un objectif de 60% de satisfaction sera le minimum pour évaluer la pertinence de ValCoDiN.

A termes, le projet ValCoDiN va renforcer les capacités opérationnelles de 500 structures au Niger, tout en créant les conditions de mise en œuvre de 1000 entreprises créatrices d’emplois. Ce qui va renforcer et dynamiser le tissu socioéconomique du Niger, en proposant de vraies solutions aux défis des prochaines décennies en termes de compétences et de création d’emplois.

Les nigériens répondront aux problèmes des nigériens

ValCoDiN, comme tous les projets d’ICON, est un travail d’aujourd’hui qui répond aux mutations socioéconomiques de demain. Il permet de cristalliser les compétences et les besoins dans un seul et même cadre, pour permettre une dynamique d’ensemble au profit du Niger. A termes, il favorisera l’existence d’un écosystème qui rendra viable et durable les actions des collectivités territoriales, la création de plusieurs entreprises et le renforcement du capital humain au Niger. Ce qui se traduira par la création d’un maillage solide au service du développement humain et durable du Niger. Ainsi, les nigériens répondront aux problèmes des nigériens, à travers un processus de co-développement.

Pour participer : http://valcodin.asso-icon.org/

[1] Enquête nationale sur l’emploi et le secteur informel. INS, Septembre 2013
[2] Emploi et Chômage au Niger. INS, Avril 2010
[3] N°22, Dialogue international sur la Migration. Conférence ministérielle sur la Diaspora. Centre international de Conférences Genève, 18 19 Juin 2013
[4] Comment associer les diasporas au développement. Organisation Internationale de la Migration, 2012
[5] Statuts du Haut conseil des nigériens de l’extérieur