Problématique

Le présent projet compte œuvrer à l’amélioration de la qualité de l’accès aux soins de la femme et de l’enfant en s’attaquant principalement aux difficultés suivantes, relevées à travers les différentes sources [1]-[10] d’informations sanitaires concernant le Niger répertoriées dans la partie références . Bien que les données aient probablement évolué en 2019, les principaux facteurs et préoccupations ci-dessous restent vraies, avec plus ou moins d’acuité :

  1. l’émergence des pratiques néfastes comme la vente illicite des médicaments et la création anarchique des structures privées de santé du fait de l’application insuffisante des textes législatifs et réglementaires ;
  2. le faible développement de la biologie médicale et du laboratoire ;
  3. l’inadéquation des infrastructures et des équipements techniques des formations sanitaires ;
  4. la faiblesse du système d’approvisionnement en réactifs de qualité et de technologies nouvelles ;
  5. l’insuffisance d’implantation et d’accompagnement à l’installation des formations sanitaires privées;
  6. l’insuffisance de la fonctionnalité des organes de participation communautaire (COGES et COSAN) et de la communication entres acteurs. Le pourcentage de comités de santé qui élaborent, exécutent et évaluent un micro plan annuel est resté à 57,1 % en fin premier trimestre 2010 pour un objectif de 80%;
  7. l’insuffisance d’implication des populations à la prise de décision en matière de santé, liée à la faible réactivité du système,
  8. le taux de couverture sanitaire (Population habitant à 0-5 km d’un Centre de Santé Intégré (CSI) sur la population totale), n’a augmenté que de 0,88% entre 2002 et 2014 ;
  9. le taux d’accouchement assisté par un personnel qualifié reste encore faible (10,70% en 2002 à 45,72% en 2014);
  10. les besoins en Soins Obstétricaux Néonatals d’Urgence de Base (SONUB) ne sont couverts qu’à hauteur de 20,27% en 2014;
  11. la faible couverture de l’audit de décès maternel dans les structures de soins ;
  12. le fort taux de malnutrition chronique (44,00% en 2006, 15,70% en 2014) et aigue (10,30% en 2006 et 14,80% en 2014) chez les enfants de moins 5 ans ;
  13. la faible qualité de la prise en charge des malades du fait de la gestion inefficace des médicaments et consommables;
  14. le faible développement du partenariat entre le secteur public et le secteur privé notamment dans l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies en santé, de la contractualisation réduisent la retro activité du système ;
  15. l’insuffisance des ressources humaines qualifiées, financières, matérielles, techniques, technologiques destinées à la recherche ;
  16. la faiblesse des ressources humaines en quantité, qualité et distribution géographique;
  17. la faible maîtrise du circuit d’approvisionnement, de distribution et de gestion des intrants à tous les niveaux;
  18. les carences dans la gestion de la maintenance des bâtiments et équipements;
  19. l’insuffisance de l’approche communautaire vue sous les angles de l’implication des ménages et relais communautaires, de l’effectif des Agents de Santé Communautaire (ASC), de leur formation et des modes de leur rétribution à pérenniser ainsi que sur celui de la rationalisation de l’utilisation des cases de santé ;
  20. l’insuffisance de la qualité des soins et des prestations, en particulier pour ce qui est de l’accueil, du comportement des prestataires vis-à-vis des patients et de l’organisation des soins (insuffisance d’intégration des soins, faiblesse de la référence et contre référence, …) ;
  21. le comportement pro-nataliste et les pesanteurs socioculturelles (faible niveau d’instruction, mariage précoce, …) ;
  22. l’insuffisance de couverture sanitaire pour l’accès universel aux services Santé de la Reproduction (SR) de qualité: la Planification Familiale (PF), le suivi de la grossesse normale et à risques, le développement de la Prévention de la Transmission Mère – Enfant du VIH (PTME), le Programme Elargi de Vaccinations (PEV), la Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant (PCIME) et la nutrition;
  23. la faible fonctionnalité de la référence contre référence entravant la continuité et qualité des services en particulier pour les Soins Obstétricaux Néonataux d’Urgence de Base (SONUB) et les Soins Obstétricaux Néonataux d’Urgence Complet (SONUC) ;
  24. le sous financement du secteur et la faible attention accordée à la protection financière des usagers et aux inégalités de santé entre zones rurales et urbaines ;
  25. les coûts élevés des prestations et produits pharmaceutiques ;
  26. la faiblesse du système de suivi évaluation axé sur les résultats et de la recherche en santé ;
  27. la faiblesse de la gouvernance et du leadership ;
  28. la faible participation des organisations de la société civile dans la construction et/ou la gestion des formations sanitaires et le non-respect des normes d’implantation ;
  29. l’environnement de travail peu favorable à une bonne dispensation des prestations ;
  30. l’insuffisance ou l’absence de stratégies adéquates de lutte contre les maladies.
  31. Faiblesses dans la gestion et la maintenance des équipements biomédicaux et infrastructures du système de santé du fait de manque de compétences pour la haute technologie requise ;
  32. Absence d’allocation de ressources suffisantes et appropriées pour la maintenance courante, d’où l’attentisme conduisant à des réhabilitations devenues lourdes et coûteuses.
  33. Les normes en matière d’implantation des formations sanitaires (CSI et CS) ne sont pas toujours respectées;
  34. Les hôpitaux de district (HD) et les centres hospitaliers régionaux (CHR) ne disposent pas tous de plateau technique et des services requis pour assurer le paquet minimum ou complémentaire d’activités correspondant à leur niveau de référence ;
  35. Les hôpitaux et les structures du niveau tertiaire disposent des plateaux techniques de technologie d’une génération vieillissante. Les insuffisances concernent notamment les laboratoires d’analyses biologiques, les blocs opératoires, les services de réanimation, les services d’urgence, les services d’imagerie médicale et l’endoscopie ;
  36. L’absence de structures hospitalières permettant de prendre en charge les pathologies faisant l’objet d’évacuations sanitaires à l’extérieur ;
  37. L’absence d’un plan national et de plans régionaux de renouvellement ou de réhabilitation des équipements et infrastructures ne permet pas de rationaliser la mise en place des infrastructures ;
  38. L’inexistence de partenariat avec le secteur privé (confessionnel et libéral) entrave la nécessaire continuité et complémentarité des soins à délivrer.
  39. Un sous financement chronique du secteur malgré les efforts d’allocation réalisés ces dernières années : les Comptes nationaux de la santé (CNS) estiment la dépense globale de santé à 116,13 milliards de francs CFA en 2006, soit 8 965 FCFA ou environ 17 $ US par habitant. Ce niveau de dépense représente la moitié de celui estimé par « la commission macroéconomie et santé » mise en place par l’OMS en 2001 (34 $US par an et par habitant pour des interventions sanitaires essentielles) ;
  40. La prépondérance des ménages dans le financement de la dépense globale de santé malgré la forte incidence de la pauvreté et l’extrême vulnérabilité de la population : 47,43% de la dépense nationale de santé en 2005 et 43,65% en 2006 ;
  41. La quasi-inexistence de systèmes de protection sociale, 99% de la dépense des ménages en santé sont constitués de paiements directs ; la dépense de santé passant par la sécurité sociale et le système privé d’assurance maladie représente moins de 3% de la dépense globale de santé ;
  42. Un financement public en hausse mais en deçà du niveau attendu : bien qu’assurant plus de la moitié de la dépense de santé, le financement des pouvoirs publics reste en deçà des engagements pris par l’Etat dans le cadre de la SRP et aux niveaux régional et international : la part de la santé dans le budget de l’Etat, bien qu’en hausse ces dernières années, est en dessous des 10% recommandés par l’OMS et encore plus éloignée des 15% de la Déclaration d’Abuja. Ceci est aggravé par un taux d’exécution ne dépassant que rarement les 80%.

Une tendance à la dépendance vis-à-vis de l’extérieur : la dépense de santé est dominée par l’aide publique au développement qui en a financé environ le tiers en 2005 et 2006 et 51% en 2007 selon la revue des dépenses publiques; parallèlement, les ressources internes n’ont contribué au financement de la dépense globale de santé qu’à hauteur de 16 à 22% entre 2005 et 2007.