MDN Gate : Un silence assourdissant, face à l’attente forte des veuves et orphelins, et du peuple nigérien

L’indicible douleur reste toujours dans les âmes des veuves et orphelins des civils et des FDS, et dans la mémoire collective de ce peuple débout. Il est pratiquement impossible d’oublier les insoutenables images de ces enterrements sommaires, et les cris des familles lors d’une visite d’un inconnu qui vient leur annoncer la triste nouvelle, avec laquelle elles doivent composer le restant de leur vie.

Un message d’un officiel aurait pu être moins douloureux, pour que ses familles associent cette douleur à une cause nationale, en guise d’un début de consolation.

Le silence des autorités de l’époque était plus violent que le crépitement des armes de l’ennemie, pour ces familles et pour le peuple. Ces morts n’avaient même pas droit à un message de condoléance, à plus forte raison un quelconque hommage.

Ils sont partis, comme des inconnus.

Le silence qui a suivi ces drames continue de peser sur ses familles et sur le peuple. Jusqu’à quand est-ce qu’il va continuer?

Retour sur les faits:

Réalisé en février 2020, l’audit mené par l’inspection générale des armées sur les commandes passées par le ministère nigérien de la Défense révèle un total de 76 milliards de francs CFA (116 millions d’euros) détournés entre 2016 et 2019 (bien en deçà des sommes initialement incriminées). Confirmée par enquête réalisée par le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) basé à Washington en collaboration avec la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO). Cette enquête a été citée devant le parlement britannique ensuite elle fait partie des enquêtes qui ont permis à ICIJ d’être nominé pour le prix Nobel de la paix. Lien : https://levenementniger.com/niger-malversations-au-ministere-de-la-defense-718-milliards-de-fcfa-captes-par-des-seigneurs-du-faux/

A ce jour les Nigériens continuent à s’interroger sans cesse sur l’explication possible de ces morts qui s’accumulaient du fait d’attaques de nos armées régulières.

Le ministre de la Défense (de l’époque), Pr Issoufou Katambé, enregistré à son insu, enfonça le clou. Nommé, il y avait peu de temps, il informa son auditoire que ce qui s’est passé au ministère de la Défense avant lui est un crime et que ses auteurs méritent d’être jetés à la mer ou fusillés comme des criminels que rien ne semblait émouvoir. Pas plus les morts, militaires et civiles, qui s’entassaient que les veuves et les orphelins qui pleuraient indéfiniment maris et pères décédés.

Pour les « responsables », il fallait gagner de l’argent et sacrifier des soldats qui avaient choisi de mourir, s’il le faut, pour la patrie. Cet acte innommable leur paraissait juste et naturel.

Katambé ne prenait pas de gants et souligna que, dans leur quête effrénée d’argent, les auteurs des détournements survenus ont agi en croque-morts, passant par tous les stratagèmes possibles pour se faire de l’argent sur des vies sacrifiées.

Une amoralité sans pareil, sans état d’âme. Ils avaient fait de fausses commandes, des commandes réelles de matériels militaires défectueux et inutilisables, des prestations de maintenance imaginaires et des surfacturations dans des achats d’équipements pour l’armée. Et pendant qu’ils accumulaient des milliards en banque, des soldats, démunis de l’essentiel pour faire face à l’ennemi, tombaient comme des mouches. Le bilan se passe de tout commentaire et a laissé le Niger entier dans une situation de mort cérébrale. À Inatès, le 1er juillet 2019 avec 18 morts, puis le 10 décembre 2019 avec 71 morts ; à Sanam, le 24 décembre 2019 avec 14 morts, puis le 8 janvier 2020 à Chinagoder, avec 89 morts, les forces de défense nigériennes ont été littéralement décimées. Au total, on compte 192 morts sur ces quatre attaques.

C’est cette amoralité des commanditaires, auteurs et complices de ce scandale qui a choqué les Nigériens.

Pour rappel, une ordonnance prise fin décembre par le doyen des juges d’instruction entérinant le renoncement de l’État à se constituer partie civile contre les auteurs présumés de ces malversations – ordonnance confirmée le 3 janvier 2022 par un communiqué de l’Agence judiciaire de l’État [AJE], établissement public relevant du ministère des Finances – ne pouvait que susciter des interrogations. Qui veut que ce silence assourdissant continue?

Les nouvelles autorités du Niger doivent déposer une plainte auprès des juridictions compétentes du pays et aussi à l’extérieur du Niger, histoire de traquer sans merci les auteurs, commanditaires et complices de ce scandale sans pareil dans l’histoire du Niger.

Niger Stop Corruption