Economie du Niger : Le FMI écouté, le citoyen nigérien dénigré pour la même remarque sur l’endettement

La problématique qui se pose est la suivante : pourquoi, lorsque c’est le FMI qui exprime la même opinion que nous, personne ne s’en offusque ? Mais quand c’est un simple citoyen nigérien qui fait la même remarque que le FMI, en se basant sur des chiffres officiels, il est pointé du doigt comme un ennemi de la nation ?

Soyons vigilants, objectifs, honnêtes, sincères et constructifs. Évitons de tuer la culture des débats contradictoires et constructifs dans notre jeune démocratie naissante. C’est le Niger qui en sortira gagnant !

Le ministre des Finances, Dr Ahmet Jidoud, a reconnu malgré tout que l’endettement du Niger présente un risque modéré devant les experts du FMI ce mardi 9 mai 2023.

En abordant la problématique de l’endettement du Niger devant les experts du Fonds Monétaire International (FMI), il est difficile de parler techniquement d’un risque zéro ou d’un risque très faible, car cela pourrait entraîner une mauvaise évaluation et une mauvaise appréciation pour ne pas avoir assimilé correctement les leçons d’économie.

Un risque modéré représente un incident qui peut avoir des conséquences néfastes sur le bon fonctionnement de l’économie d’un pays ou d’une entreprise, d’où notre humble appel à la prudence dans la gestion de la dette publique.

Suite à notre analyse sur le risque d’endettement élevé en réponse à une question qui nous a été posée, nous préconisons la prudence. Les taux de 51,6% au 30 décembre 2022 et de 60% au 30 avril 2023 ne sont pas très éloignés du taux de 70% du PIB autorisé statutairement au sein de l’UEMOA. En effet, en analysant l’évolution de l’encours de la dette publique, qui est passé de 2 523,5 milliards de francs CFA en 2018 à 4 870,5 milliards de francs CFA en décembre 2022, nous avons constaté une progression de 51,81% en seulement quatre ans.

C’est pourquoi nous préconisons une grande prudence. Notre objectif n’est pas de dénigrer la politique économique, mais de contribuer à améliorer le bon fonctionnement de l’économie. De plus, lors d’une conférence de presse le mardi 9 mai 2023, le représentant du FMI a partagé la même opinion que nous sur l’évolution de l’endettement au Niger. Le ministre des Finances a également reconnu que l’encours de la dette publique nigérienne présente un risque modéré devant les experts, d’où la pertinence de nos propositions de mesures d’économies budgétaires pour rationaliser les dépenses publiques afin de maintenir le cap et traverser les turbulences.

La crise économique est aujourd’hui mondiale et frappe tous les pays sans exception. L’économie du Niger est extrêmement dépendante de l’extérieur en raison de son caractère extraverti, ce qui la rend vulnérable aux effets pervers de la crise économique mondiale. Le faible taux d’endettement de notre pays par rapport au classement général des pays membres endettés de l’UEMOA n’est pas un bon indicateur de la santé économique du Niger. En effet, les emprunts sur le marché financier régional sont accordés en fonction de la capacité à mobiliser les ressources internes du pays. Plus les recettes fiscales sont importantes, plus les capacités de lever des fonds sur le marché financier seront élevées. L’adage « on ne prête qu’aux riches » prend tout son sens dans ce contexte.

Il serait donc hautement souhaitable que le ministère des Finances accepte un débat contradictoire franc et constructif avec les citoyens sur la situation socio-économique du Niger, au lieu de proférer de fausses accusations envers les citoyens honnêtes. Le développement économique et social du Niger est l’affaire de tous les citoyens nigériens et ne peut être le monopole d’une seule catégorie de personnes.

Par conséquent, il serait hautement souhaitable que certains responsables chargés de la conduite de la politique économique, financière et monétaire du Niger acceptent les critiques objectives et sincères. Il n’est ni élégant ni productif, ni démocratique de chercher à tourner en dérision, par des sophismes, les propositions et critiques objectives de certains citoyens visant à améliorer la gestion des finances publiques.

La politique de l’autruche mène tout droit au mur. Le représentant du FMI a souligné à juste titre un risque modéré concernant l’endettement du Niger. Nous sommes donc sur la même longueur d’onde que les experts du FMI. Par conséquent, il serait hautement souhaitable de prendre des mesures d’économies budgétaires adéquates afin d’éviter de tendre vers un risque élevé.

C’est l’objet de notre analyse sur l’évolution de l’encours de la dette publique, qui est passé de 2 525,23 milliards de francs CFA en 2018 à 4 839,2 milliards de francs CFA en décembre 2022. Nous préconisons simplement la prudence, tout comme l’a conseillé le Fonds Monétaire International (FMI).

Soyons vigilants, objectifs, honnêtes, sincères et constructifs. Évitons de tuer la culture des débats contradictoires et constructifs dans notre jeune démocratie naissante. C’est le Niger qui en sortira gagnant !

Issoufou BOUBACAR KADO MAGAGI.