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Affaire de détournement au ministère de la défense du Niger: Plusieurs questions subsistent…

 Comme si c’était l’hydre, l’affaire de détournements au ministère de la Défense du Niger, revendique de scabreux restes. Elle ne cesse de faire couler beaucoup d’encre et de salives, à travers l’actualité sur la guerre contre le terrorisme et les débats sur la bonne gouvernance.  Les sommes détournées par des « seigneurs du faux », tapis à la fois dans l’establishment politico-militaire et affairiste, ont mis en exergue une sulfureuse « ingénierie » de contrefaçon de documents administratifs avec à la clé un nébuleux système de fraudes ayant porté sur les transactions liées à l’achat de matériels militaires et de provisions diverses pour soutenir l’effort de guerre.

Plusieurs personnalités, civiles et militaires, citées dans cette affaire, ont bénéficié d’un non-lieu judiciaire, lequel continue de susciter des interrogations au sein de l’opinion publique. On parle de plus de 71,8 milliards FCFA qui seraient détournés, soit près de 110 millions d’euros. Une somme colossale qui a suscité l’indignation de la population nigérienne. Par la suite, on apprend aussi, que l’un des protagonistes usuellement cité dans cette affaire, et qui occupait des hautes fonctions au ministère de la Défense à l’époque des faits, a bénéficié d’un non-lieu assorti d’un retrait de l’Etat du dossier. Ce haut gradé a été par la suite catapulté dans un poste hautement stratégique, et rattaché au Cabinet du Chef de l’Etat, le CNESS. En revanche, plusieurs gradés et sous-officiers, également cités, ont été inculpés dans la même affaire.

Se fondant sur une fuite des documents du Financial Crimes Enforcement Network(FINCEN), bureau du département du Trésor des USA, qui lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et d’autres crimes financiers, couplée avec le rapport de l’inspection du Ministère de La Défense , Le journaliste d’investigation Moussa Aksar a mené une enquête minutieuse, saluée de part le monde. Cette enquête a dévoilé la responsabilité des hommes politiques et des hauts gradés de l’armée dans ce scandale inique  de détournement de fonds.

Les protagonistes de l’affaire de détournement du ministère de la défense du Niger, ayant bénéficié d’un non-lieu, continuent, pour certains, à bénéficier de marchés publics. Des Ongs et des observateurs de la lutte contre la corruption redoutent que le non-lieu accordé par la justice dans cette affaire, ne soit un précèdent, pour accroître l’impunité pour divers actes de corruption et de détournement de fonds publics au Niger. De même, la poursuite de l’attribution de marchés publics à des entreprises liées aux protagonistes de l’affaire soulève des interrogations quant à la transparence et à l’équité des procédures de passation de marchés au Niger.

Face à ces nouvelles révélations, la société civile nigérienne a décidé de relancer l’affaire au plan judiciaire, dans l’espoir que les responsables de ce scandale soient enfin traduits en justice. Reste à savoir si ces efforts porteront leurs fruits et si (toute) la vérité sur cette affaire de détournement de fonds sera finalement révélée au grand jour. C’est pourquoi, il est temps de se poser quelques questions :

  1. Le Président Mohamed Bazoum, qui a promis une lutte sans pitié à la corruption lors de son accession au pouvoir deux ans plus tôt,  a-t-il réellement la volonté de lutter contre la corruption et le détournement de fonds publics au Niger?
  1. La promotion d’un des co-accusés dans l’affaire de détournement du ministère de la défense comme patron d’une Institution stratégique est-elle un bon signe de lutte contre la au Niger?
  1. Quels sont les freins qui empêchent une réelle transparence dans les passations de marchés publics au Niger, malgré les réformes entreprises par le gouvernement ces dernières années ?
  1. Comment les organisations de la société civile et les médias peuvent-ils jouer un rôle dans la lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics au Niger, et quelles sont les entraves à leur action ?
  1. Quelles mesures concrètes le gouvernement pourrait-il prendre pour renforcer la transparence dans les passations de marchés publics et lutter efficacement contre la corruption et le détournement de fonds publics au Niger?

Enfin, il est important de souligner que la poursuite de la lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics est un enjeu crucial pour le développement économique et social du Niger. Il est urgent que des mesures fortes soient prises pour garantir la transparence et l’équité dans la gestion des fonds publics.

 ONG ICON – Niger Stop Corruption