Agadez, une region du Niger renommée pour ses gisements d’uranium, est devenue le centre d’une situation alarmante. La société minière française Orano, anciennement connue sous le nom d’Areva, exploite l’uranium dans la région depuis des décennies, causant des dommages significatifs à la santé des habitants locaux ainsi qu’à l’environnement.
Avec le nouveau contrat de mai 2023, Orano décide de changer sa méthode d’exploitation en passant de l’exploitation a ciel ouvert vers une exploitation en utilisant la méthode ISR (In Situ Recovery). Cette méthode d’Orano risque de contaminer la nappe phréatique de la région, rendant l’eau inutilisable pour les populations locales et les animaux. Les habitants, qui dépendent de cette source d’eau pour leur survie, sont exposés à des risques graves pour leur santé, tels que des maladies rénales, des cancers et des malformations congénitales.
En plus de la contamination de la nappe phréatique, Orano a également laissé plus de 20 000 tonnes de déchets radioactifs à ciel ouvert de l’exploitation de la cominak qu’ils ont couvert d’une simple couche de latérite que le vent va disperser dans quelques années, exposant ainsi les populations et les animaux à des niveaux élevés de radiation. Les conséquences sur la santé sont inquiétantes, mais les effets sur l’environnement sont également significatifs, avec des sols et des eaux souterraines contaminés et des animaux malades.
Malgré les nombreuses plaintes et avertissements de la part d’organisations internationales, Orano n’a pas pris de mesures adéquates pour résoudre le problème. La société doit accepter la responsabilité de ses actions et mettre en place des mesures pour garantir la santé et la sécurité de la population et de l’environnement.
Il est urgent de reconnaître les conséquences graves de l’exploitation minière d’Orano au Niger et de prendre des mesures pour garantir la transparence et l’équité dans le commerce de l’uranium. Les organisations internationales et les OSC du Niger doivent travailler de concert avec les autorités nigériennes pour identifier des solutions durables et prévenir d’autres catastrophes sanitaires et environnementales. Les habitants d’Agadez et du Niger en générale ne peuvent plus être ignorés ou considérés comme des victimes silencieuses. Nous devons agir maintenant pour protéger leur santé et leur sécurité.
Pour rappel, après la fermeture de la mine de la Cominak le 31 mars 2021, nous avons constaté un manque de transparence sur la pollution radioactive à long terme :
Le rapport Environnemental Social et Sociétal (RESS) de COMINAK 2018-2019 consacre deux pages à la gestion des déchets de l’entreprise. On y trouve la quantité de pneus (près de 125 tonnes en 2019), ou de « papier, carton, bois » (108 tonnes), mais le mot « radioactif » ne figure pas. Le fonctionnement des usines d’extraction de l’uranium de SOMAÏR et COMINAK a généré pourtant plusieurs dizaines de millions de tonnes de résidus radioactifs qui sont actuellement entreposés à l’air libre, sur deux sites, à quelques kilomètres de l’agglomération d’Arlit. A la fin 2009, la COMINAK avait produit 14 millions de tonnes de résidus solides, entreposés sur une verse de 50 hectares dont la crête culmine à une hauteur d’environ 27 mètres.
Dans le rapport 2018-2019 qui fait pourtant 40 pages, on ne trouve pas un mot sur le problème posé par la gestion à long terme de ces résidus d’extraction de l’uranium. Quelle solution COMINAK envisage-t-elle pour confiner de telles quantités de déchets radioactifs ?
Les analyses effectuées par le laboratoire de la CRIIRAD ont montré que la radioactivité des résidus de la COMINAK dépasse 450 000 Becquerels par kilogramme. Ces déchets, issus d’un procédé d’extraction chimique, sont donc bien des déchets radioactifs. Ils vont être radioactifs pendant des centaines de milliers d’années (en réalité des milliards d’années si l’on considère l’uranium résiduel). L’entreposage à l’air libre de telles quantités de déchets radioactifs est un scandale. Ils produisent en effet en permanence un gaz radioactif, le radon, et les puissants vents du désert dispersent les fines poussières contenant des métaux lourds radioactifs, dont certains sont très radiotoxiques par inhalation.
La question de la gestion des résidus d’extraction de l’uranium n’est pas le seul « héritage radioactif » laissé aux populations d’Arlit et de sa région. Elles sont exposées à la radioactivité au quotidien, du fait de la pollution de l’air, de l’eau et de la présence de matériaux contaminés sur les marchés ou dans les habitations.
ONG ICON Niger – Projet Niger Stop Corruption