Sommes-nous moins intelligents que les abeilles ?
Il est vrai que comparaison n’est pas raison, mais osons ne serait-ce qu’une comparaison anecdotique, avec ces insectes capables de produire du bon résultat en équipe : les abeilles.
Commençons par le cerveau. Celui de l’abeille fait environ 1millimètre cube de volume (1mm3), contre environ 1 450 000 millimètres cube pour le nôtre (un million quatre cent cinquante mille millimètres cube).
Ensuite, le cerveau de l’abeille compte environ 960 000 neurones, contre environ 100 milliards de neurones pour l’homme.
Malgré tout, les abeilles arrivent à très bien s’organiser et à rythmer la vie dans l’essaim, comme de vrais artistes, là où nous échouons lamentablement, et assez souvent d’ailleurs. D’accord, comparaison n’est pas raison!
D’abord, un petit aperçu de la vie des abeilles.
Au sein de l’essaim, vous avez plusieurs dizaines de milliers d’ouvrières, un à deux milles faux bourdons (le mâle) et leur reine. Chacun a un rôle clair et précis, et le mène à la perfection.
La raison d’être de chaque abeille est UNIQUEMENT d’assurer l’existence, et la survie de leur colonie, au sein de l’essaim. La vie individuelle ne vaut rien, face au collectif. Et c’est l’un des secrets des abeilles.
Par exemple, avant de pénétrer une ruche, vous avez les guetteurs (les gardiennes). Elles montent la garde pour empêcher l’accès aux insectes prédateurs et voleurs de miel. Pour cela, elles sont prêtes à se battre jusqu’à à se vider le dard, tout en sachant que cela va aussi signer leur arrêt de mort. Mais si ça permet aussi d’immobiliser l’intru et de le repousser, elles se disent (probablement) que le « jeu » en vaut la chandelle.
Les abeilles ont le (vrai) sens du « patriotisme » et du sacrifice. Si on pouvait les écouter et décoder leurs messages, peut-être qu’on allait les entendre dire : « labou sanni no », « zantchen kassané ». Mais le vrai ! Les abeilles ne sont pas dans de simples slogans qui seront vite monnayés par des privilèges sonnants et trébuchants, une fois la tempête passée ! Car, même lorsque l’ennemi est repoussé, chacun continue à garder son poste. Elles ne réclament pas d’être rapprochées de la reine, ou d’être alimentées par de la gelée royale, afin de devenir aussi reine, un jour (et narguer les autres). Elles n’ont pas un sacrifice calculateur, et c’est ce qui fait leur union sacrée!
Vous avez aussi les butineuses. Celles qui vont chercher le butin (nectar et pollen) pour alimenter l’essaim et assurer la survie de la tribu. Pour cela, les spécialistes disent qu’une abeille peut butiner dans un rayon de 3 à 4km. Vu sa taille, c’est comme si un humain parcourait une distance de 2500km PAR JOUR (pour nourrir la population de son pays). L’abeille est vraiment au service de toute la colonie.
Pour les humains, certains ne font même pas le millième des efforts d’une abeille (à échelle équivalente), en plus ils s’accaparent de tout ce qu’ils peuvent, pour en jouir aux côtés de leurs seuls familles, parents et connaissances. Le peuple peut continuer d’attendre.
Et lorsqu’une abeille découvre un nouvel endroit pour butiner, elle revient vers les autres pour les informer, à travers tout un système de communication, comme la sécrétion de phéromones, et surtout ce qui est appelé la danse des abeilles. En effet, grâce à la vibration de ses ailes, et aux mouvements de son corps, elle transmet les informations sur la localisation exacte, et la quantité du butin à récolter. Elles sont généreuses, altruistes et vraiment « patriotiques », les abeilles. Elles pensent aux autres.
Et nous avec nos 100 milliards de neurones, quand on trouve ce qu’on considère comme un butin, on va même détruire le pont qui y va, et semer pleins d’embuches pour que personne d’autre ne puisse s’y rendre. Sacré de nous! Quel égoïsme !
Las abeilles savent également stocker et bien gérer leur butin, pour passer les saisons de faible floraison par exemple. Elles savent se serrer les coudes et bien rationner, car elles savent que la survie de la colonie dépend beaucoup de la disponibilité de leurs réserves.
Alors, avec nos 100 milliards de neurones chacun, combien de magasins de stock avons-nous remplis aujourd’hui, pour question de souveraineté nationale, et pour faire face aux coups durs, comme ceux injustement imposés par la CEDEAO actuellement ?
Les autorités déchues, ne disaient-elles pas que le pays ne peut pas tenir plus de 3 mois face aux blocus et aux sanctions inhumaines ? Est-ce un aveu d’être moins intelligents que les abeilles ?
En outre, lorsque la reine vieillit et n’est plus assez « productive » (car c’est la seule qui est « autorisée » à pondre des œufs, pour la survie de la colonie), alors elle doit sortir de la colonie, afin qu’il y’ait une nouvelle reine en bonne forme. Donc, c’est vraiment du « labou sannino » « zantchen kassané » chez les abeilles. Ce n’est pas que du blabla. Et même la reine, malgré tous les égards que les autres abeilles lui vouent, n’est là que pour l’intérêt collectif. Et si elle refuse de partir, elle connaît le sort qui lui sera réservé. Le collectif est sacré, et aucun intérêt individuel ne peut le remplacer. Même pas celui de la reine.
Pour les humains, malgré nos milliards de neurones, nous soutenons mordicus des individus, que nous savons pertinemment corrompus et non productifs pour le pays et l’avenir de son peuple. Pour beaucoup, c’est juste pour continuer à manger de « la gelée royale ». C’est tout.
Pour finir, il est vrai que même le dernier des idiots sera plus intelligent qu’une abeille. Mais collectivement, un essaim d’abeille semble être plus intelligent que nous (pris collectivement). Il faut savoir reconnaître ses limites pour les repousser. Sinon, on les conserve.
Alors, à quand le « réveil des abeilles » qui sommeillent en nous?
Dr Mamane OUMAROU