La fermeture de la Cour des Comptes du Niger : un recul grave pour la transparence financière

La Cour des Comptes, institution supérieure de contrôle chargée de vérifier l’emploi des fonds publics et de sanctionner les manquements à leur bon usage, est actuellement confrontée à une situation alarmante. En effet, la fermeture et l’inactivité de cette institution sont un recul grave et un véritable gâchis pour notre pays.

En tant qu’élément essentiel de l’image et de la réputation des juridictions financières, le bon fonctionnement de la Cour des Comptes est crucial pour assurer la transparence et la responsabilité dans la gestion des fonds publics. Malheureusement, lors du conseil des ministres du Jeudi 04 Janvier 2024, plusieurs membres de qualité reconnus et certifiés à l’international ont été arrachés à la Cour des comptes et nommés au Ministère des finances et au Trésor. Cette désarticulation continue de la prestigieuse cour risque de la faire repartir à zéro, alors qu’elle a déjà fait ses preuves en matière d’indépendance, de travail bien fait et de crédibilité, tant au niveau national qu’international. La cour des comptes du Niger a eu la confiance internationale pour diriger la commission de renforcement des capacités organisationnelles et institutionnelles des judications financières africaines et former leurs membres.

Nous nous souvenons tous du travail exceptionnel accompli par la Cour des Comptes sous la direction du Professeur Narey. Les réactions des Nigériens après la publication de ses rapports témoignent de son impact significatif. Il est important de reconnaître que le Professeur Narey et son équipe ont fait leur part dans un contexte connu de tous.

La Cour des Comptes, dans le cadre prévu par la loi, définit librement son programme de travail, dispose de pouvoirs de contrôle sur pièces et sur place, adopte librement ses conclusions et jouit d’une liberté éditoriale. La cour juge les comptables publics et les comptables de fait pour les infractions qualifiées de fautes de gestion. Lorsqu’ il s’agit des crimes économiques et financiers, elle en réfère au Procureur de la République du ressort pour des poursuites au pénal. Avec les dossiers par devant elle et ceux de 2023, elle a de la matière pour donner du grain à moudre à la COLDEFF et du travail de jugement au pôle économique et financier.

Malgré le coup d’État, certaines institutions, dont l’arrêt ou la dissolution représente un danger pour le pays, doivent être préservées. La Cour va repartir à zéro parce que les nouveaux membres doivent prendre un temps (6-12 mois) avant d’être à niveau pour faire le travail de ceux-là qui l’ont quittée.

N’oublions pas que grâce à ses publications, elle participe activement au débat public et se veut utile tant pour les décideurs que pour les citoyens, contribuant ainsi à l’amélioration de la gestion publique et de ses résultats.

À l’image du Conseil Supérieur de la Communication, de la Cour d’Etat, La Cour des Comptes est l’équivalent financier de notre système judiciaire, et sa présence est indispensable. Cependant, entre le 26/07/2023 et le 06/01/2024, 164 jours se sont écoulés, soit 5 mois et 11 jours, sans la Cour des Comptes au Niger, ni CSC, etc.

Nous espérons vivement que les autorités compétentes prendront les mesures nécessaires pour rétablir le bon fonctionnement de la Cour des Comptes et garantir ainsi la transparence financière qui est essentielle à notre développement.

Niger Stop Corruption
ONG ICON